TANIKAWA ShuntarôLes Anges de Klee

traduit du japonais par Dominique Palmé

18 poèmes de Tanikawa Shuntarô & 26 dessins de Paul Klee

Édition originale bilingue français-japonais.
Cet ouvrage a bénéficié des soutiens de la Fondation du Japon et du Centre national du livre.


Dossier de presse (PDF)




Ange déluré
 
Ange vigilant
Dans l'antichambre des anges
 
Mes.ange
Les Anges de Klee est le premier livre traduit en français de Tanikawa Shuntarô. Ce recueil comporte 18 poèmes inspirés d’une série d’anges dessinés par Paul Klee à la fin de sa vie, entre 1939 et 1940. Tantôt rieurs, tantôt graves, ces anges apparaissent comme le miroir d’une humanité fragile dont le chant accueille constats et questions.

Dans nos traditions occidentales, les anges marquent la présence du divin dans l’ici-bas, créent l’irruption de l’invisible dans le visible. Les théologiens nous instruisent sur leur nature d’ êtres spirituels, intermédiaires entre Dieu et les Hommes ou messagers de la volonté divine et les peintres imaginent d’infinies variations sur le thème de l’ être ailé.
Or, Paul Klee et Tanikawa Shuntarô ne suivent pas les hiérarchies angéliques exposées par Saint Thomas ou les dichotomies manichéennes du bien et du mal si fréquentes dès qu’on parle des anges. Ceux du peintre et du poète sont beaucoup plus modestes, ils percent le spectre des émotions humaines : Ange au grelot, Ange oublieux, Ange immature, Ange laid, Ange déluré, Ange ou plutôt oiseaux, Ange au jardin d’enfants, Il pleure, Crise d’un ange, Un vieux musicien fait l’ange, Dernier pas en ce monde ...
Paul Klee saisit ses anges au vol, d’un unique trait de crayon, dans la fulgurance de leur présence. Ceux de Tanikawa Shuntarô inventent une situation, un événement, un dialogue : ils créent une brèche qui rend possible une rencontre, une parole, un questionnement.
La figure de l’ange nous révèle ce que Goethe dit de la poésie, «contempler l’universel dans le particulier», et ce que Klee dit de la peinture, «non rendre le visible, mais rendre visible». Ut pictura poesis erit. Peinture et poésie rendent visibles des forces qui ne le sont pas.

TANIKAWA Shuntarô est né en 1931 à Tôkyô. Son nom de famille signifie «rivière de montagne» ( tanigawa ), alors que son prénom évoque l’intelligence et la vitalité ( shun-bin ). Limpidité et agilité-habileté sont les deux vertus maîtresses du langage et des idées poétiques de Tanikawa. Dès l’âge de vingt et un ans, il se fait connaître par son premier recueil de poèmes, Deux milliards d’années-lumière de solitude ( 1952 ). Il a publié plus de 60 livres, la plupart traduits en 15 langues. Tanikawa est probablement le poète le plus lu et le plus aimé du Japon : il a reçu tous les prix littéraires les plus prestigieux de son pays ( Noma, Shogakkan, Hana-Tsubaki, Yomiuri ) ainsi que le American Book Award décerné à New York en 1988.




   
 
ANGE AU GRELOT  

Les choses que j’aurais tant voulu écrire
sont celles que je n’ai jamais su mettre en mots

Chatouillé par le grelot de l’ange
un bébé rit
Câlinée par le souffle du vent
une fleur fait «oui» de la tête

Jusqu’où aurait-il donc fallu poursuivre la route ?
Les jours d’après la mort à ceux d’avant la vie
en un cercle bien rond s’enchaînent

À présent j'ai droit au silence
Malgré la foule des paroles
Malgré les milliers de chansons
la tristesse ne s’est jamais dissipée et pourtant

La joie non plus ne s’est jamais envolée




1000 exemplaires imprimés sur papier brut de centaure 150 g. Couverture en sérigraphie. Edition bilingue français et japonais à double entrée, 96 pages, 13,3 x 18 cm. Prix : 17 €


Il existe un tableau de Klee qui s’ intitule Angelus Novus. Il représente un ange qui semble sur le point de s’éloigner de quelque chose qu’il fixe du regard. Ses yeux sont écarquillés, sa bouche ouverte, ses ailes déployées. C’est à cela que doit ressembler l’ange de l’Histoire. Son visage est tourné vers le passé.
Là où nous apparaît une chaîne d’événements, il ne voit, lui, qu’une seule et unique catastrophe, qui sans cesse amoncelle ruines sur ruines, et les précipite à ses pieds. Il voudrait bien s’ attarder, réveiller les morts et rassembler ce qui a été démembré. Mais du paradis souffle une tempête qui s’est prise dans ses ailes, si violemment que l’ange ne peut les refermer. Cette tempête le pousse irrésistiblement vers l’avenir auquel il tourne le dos, tandis que le monceau de ruines devant lui s’ élève jusqu’au ciel. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès.

Walter Benjamin, Sur le concept d’histoire, 1940.
Œuvres III, Gallimard, Folio/Essais, 2000.


« Ah ! La science ne va pas assez vite pour nous ! — Mais je m’aperçois que mon esprit dort.
S’il était bien éveillé à partir de ce moment, nous serions bientôt à la vérité, qui peut être nous entoure avec ses anges pleurant !…
 »

Arthur Rimbaud, L’impossible
Une saison en Enfer

4 ème de couverture, entrée japonaise
Paul Klee, Ange de l'ancien Testament

pour plus d'informations : ab@abedit.com
© Abstème & Bobance éditeurs